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UN VÉRITABLE ALLEMAND NE PEUT, ETC.

lèvres et son menton, les deux endroits où le caractère se lit le mieux ; celui qui veut cacher le fond de son âme ou sa sottise n’a pas tort non plus de mettre des lunettes à verres foncés si cela se peut, mais les honnêtes gens ne craignent pas qu’on voie dans leurs yeux.

Ils avaient entamé leur quatrième partie, lorsque Plant entra et vint s’asseoir à côté d’Andor. Au moment où le comte faisait mat son adversaire, Wolfgang parut à son tour.

Le sculpteur regarda le fou d’un air moqueur et se fit servir du café.

Le comte Riva abattit les pièces sur l’échiquier et le referma.

Selon son habitude blessante pour les autres, Wolfgang se mit alors à donner à entendre qu’il était le favori du roi, et que quiconque ne l’était pas comme lui devait s’estimer heureux qu’il lui dit bonjour et lui parlât.

Il défila son chapelet de phrases habituelles : « Aujourd’hui encore le roi est venu dans mon atelier. » « Ma statue de l’Amour sera très-réussie, m’a dit le roi. » « Il faut que je fasse un voyage ; le roi le désire. » Et ainsi de suite.

Le comte souriait à ces vaniteuses confidences prouvant ainsi qu’il n’était ni fou ni Allemand ; car quel est l’Allemand qui, n’étant pas fou, ose-