Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

montrait en effet qu’il était intelligent, en ne se servant pas des expressions habituelles aux nobles et aux officiers, telles que : « sur l’honneur », « pompeux », « fade », « affreux », « abominable », etc., et en parlant d’une manière vive, rapide, au lieu d’affecter la maladie à la mode de mâcher, de traîner les mots, comme un gâteux.

Évidemment, il était question, dans la petite société, de la nouvelle brillante étoile. Le hussard, qui tournait à moitié le dos aux nouvelles venues se retourna tout à coup et fixa Valéria Belmont, non à travers un carreau enchâssé dans l’œil, selon la coutume des chevaliers modernes, mais tout droit, hardiment, et il la regarda si longtemps de son œil brillant, honnête, qu’elle finit par lever une seconde fois les yeux sur lui.

Cette seconde suffit à la future Lady Milford pour décider du sort de celui qui la contemplait. Elle se disait :

« Il est jeune, ardent ; il paraît riche et pas du tout blasé ; il est assez jeune pour qu’on lui en fasse accroire et assez raisonnable pour faire contre mauvaise fortune bon cœur ; c’est ce qu’il me faut. »

Elle ajouta à sa commande une bouteille de champagne Rœderer, carte blanche.

Pendant ce temps, le hussard avait fait un mou-