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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

comme il était du nombre de ces chauvins allemands pour qui la nationalité allemande consiste moins dans la science, l’art, la valeur guerrière que dans les cheveux longs, le goût de la bière, de la gymnastique et du chant, il portait les cheveux longs.

Son Évangile était la Germania de Tacite. Avait-il logé dans sa cervelle que les anciens Germains ne se lavaient pas ? Ce n’est pas certain ; en tout cas, son aversion pour l’eau, le savon, ne souffrait pas le moindre doute.

Wolfgang était sculpteur ; mais, au lieu de sculpter, il préférait faire de la politique, de la chimie, des plans de campagne, des projets de sociétés ou encore s’occuper d’escrime, de piano, d’amour, de théâtre, de réforme religieuse, de l’élève des grenouilles-rainettes et des réponses aux annonces de journaux, les annonces de mariage particulièrement.

— Je ne comprends pas, — dit-il tout à coup de sa voix d’orgue, qui lui avait valu d’être première basse dans l’Association chorale ; — je ne comprends pas qu’on puisse prendre feu pour cette Teschenberg aux pâles couleurs, ni pour cette petite juive qui a une figure d’oiseau et jaune comme de la cire. Julie, à la bonne heure ! Voyez-la se pencher au-dessus des fleurs ; sa chevelure