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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Que dis-tu du docteur, Hanna ? s’écria Micheline venant à son amie en gesticulant avec feu. Quel manque de tact ! Il ne faut pas qu’il revienne chez nous ; c’est toi qui lui diras que notre porte lui est fermée.

— Tu as tort, Micheline, répondit Hanna à voix basse, mais avec fermeté. Le baron l’a provoqué ; il lui a parlé grossièrement.

Micheline regarda son amie avec stupéfaction.

— J’avais toujours dit, gronda le conseiller aux finances, en revenant chez lui en voiture, j’avais toujours dit que le docteur Andor n’était pas homme à moitié. Il faut montrer les dents aux aristocrates. Oui, il le faut.

Dans la matinée suivante, va-et-vient de missives entre les jeunes filles. « Chère Hanna, écrivait Micheline sur papier rose, une farce très-amusante se prépare ; Oldershausen va provoquer le docteur. Je voudrais bien voir la figure que fera le rongeur de livres quand on lui donnera le choix entre le sabre et le pistolet. Tu comprends, n’est-ce pas, qu’il s’agit d’un duel ; mais il n’y a rien de sérieux ; le baron veut seulement faire peur à Andor. »

Deux heures plus tard, seconde lettre. « Pense donc, quelle audace ! le docteur a envoyé ses témoins au baron ; mais Oldershausen ne se battra pas ; je ne veux pas le permettre. »