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POINT D’HONNEUR

il y a eu de la légèreté ; elle n’a pas des principes solides ; elle n’aurait pas dû entrer dans la chambre de l’officier. C’est un scandale et il faut nous séparer.

Marie ne s’émut pas, ne pleura pas, ne pria pas le visiteur de rester.

— Il faut nous séparer, fit-elle avec fermeté. Il a tout à fait raison ; je suis légère.

Ils se séparèrent donc.

Lorsque Plant fut parti, madame Peneke se bourra le nez de tabac.

— Il a raison, dit-elle, tu es légère. Nous t’avons élevée comme une comtesse ; mais il faut que cela change. Travail n’est pas honte.

Marie monta dans sa chambre, s’enveloppa d’un grand châle, ouvrit la fenêtre et s’y accouda.

À minuit elle était encore là regardant le ciel qui dans sa clarté d’hiver, dans son froid éclat, semblait verser le calme, et en elle il y avait autant de tranquillité que si elle eût enfin trouvé ce qu’elle voulait après l’avoir longtemps cherché.

Elle regardait les étoiles sans tristesse, sans enthousiasme. À ses yeux, elles n’étaient pas des mondes brillants, des mondes infinis, des puissances mystérieuses réglant, protégeant ou menaçant la vie des hommes ; non, elles étaient des diamants étincelants ; voilà pourquoi elle les regardait et souriait.