Andor haussa les épaules.
— Quels yeux à vous ensorceler ! Que de passion dans son joli petit nez d’aigle !
— Mon cher Plant, répliqua Andor, ce qui nous semble un beau nez d’aigle n’est le plus souvent qu’un bec de poule très-ordinaire.
Évidemment, le coiffeur, en le dépouillant de ses cheveux, l’avait du même coup dépouillé de son optimisme, de sa bienveillance. Depuis la veille, il était terriblement méchant ; il représentait un Fiesco impitoyable.
Il y eut une nouvelle pause. Andor en profita pour regarder les fenêtres des Teschenberg. Les stores étaient baissés, et, de temps en temps, une ombre apparaissait derrière. « Est-ce Hanna ? » se demandait le pauvre fou amoureux. Et il étudiait la silhouette, les mouvements de l’ombre, pour en tirer toutes sortes d’inductions.
Le désagréable tête-à-tête des deux amis fut interrompu, à la longue, par l’arrivée de Wolfgang. Il entra vêtu en grand seigneur, fit un petit salut aristocratique, et s’assit auprès d’eux d’un air qui voulait dire : Voyez que de condescendance en moi ! Je n’oublie pas les camarades !
Depuis que Wolfgang avait son atelier au château royal, depuis qu’il avait fini le buste du roi, commencé celui de la princesse Paula, il marchait,