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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

S’il arrivait à Micheline de complimenter Hanna sur quelque chose ou de se dire ravie de ceci, de cela, celle-ci devinait aussitôt que ce qu’on louait en elle ne lui seyait pas. Si, au contraire, la jeune juive trouvait à redire, mettait en avant sa sincérité, alors Hanna était certaine qu’elle éclipsait sa chère camarade.

Mademoiselle Teschenberg avait essayé une nouvelle manière d’arranger ses cheveux, manière copiée d’un vase grec. Elle les avait enroulés en un gros nœud sur le derrière de la tête, et de ce nœud se détachaient des boucles isolées tombant sur ses blanches épaules, tandis que de petits frisons en accroche-cœur venaient cacher le front. C’était une coiffure à suspendre les battements du cœur d’Andor, à couper la parole à Micheline.

Revenant de sa surprise, la jeune juive s’écria d’un ton de reproche :

— Hanna, chère Hanna, comment peux-tu te coiffer ainsi ? Porte donc tout simplement tes cheveux lissés en arrière, tu as une si jolie petite tête ronde !

Coiffée de la sorte, Hanna était positivement affreuse, mais Andor, prenant la chose au sérieux, ne s’en fit pas moins le champion de cette coiffure.

— Vous n’y voyez donc pas, mademoiselle