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UN BAL CHEZ LES ROSENZWEIG

chien et même de trouver bon le café-pétrole.

Le conseiller, dont il faisait de temps en temps la partie d’échecs, disait qu’il était un garçon d’esprit, d’un savoir prodigieux, avec lequel des hommes de rang, d’un âge mûr, avaient encore quelque chose à apprendre.

Hanna se voyait à la veille de devenir amoureuse du docteur ; ce n’était pas qu’elle appréciât son mérite, mais il lui accordait si peu d’attention, et l’on sait combien l’indifférence attire les femmes les plus fières, excite les femmes les plus froides.

L’amour que notre héros ressentait pour la jeune fille était des plus ardents ; mais la force, la profondeur de son affection le rendaient silencieux, absorbé, et l’entouraient ainsi de ce nimbe d’insouciance, qui était cause qu’Hanna, sans s’en rendre exactement compte, accordait, même dans la maison, où le goût prononcé des Teschenberg voulait la plus grande simplicité, beaucoup d’attention à sa toilette.

Elle soignait surtout sa magnifique chevelure qui, défaite, lui descendait jusqu’aux genoux et l’enroulait tantôt d’une manière, tantôt de l’autre, enserrant toujours de plus en plus dans ses tresses le cœur enfiévré d’Andor. N’était-elle pas sûre que sa coiffure du jour lui allât bien, la petite rusée faisait un essai sur l’amie de son âme, Micheline.