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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

coup du baron étranger, et de la jolie femme si bien mise qu’il avait avec lui. Le théâtre fini, la boutique de madame Peneke devenait le paradis de Mahomet.

Monsieur Peneke se trouvait alors à la brasserie à jouer aux tarots. Madame Peneke, qui avait tout mis en ordre, comme le désirait sa favorite, tendait la clef au couple de retour, et allait rendre visite à une actrice du voisinage, chez laquelle elle restait longtemps à causer ou à jouer au mariage.

Selon la fantaisie des amoureux, la boutique avait été transformée en une tente ou pavoisée de fleurs ou tendue de tapis. Tantôt deux hamacs se balançaient dans le sens de la largeur du local, tantôt c’étaient des divans qui avaient été préparés avec leurs coussins bien gonflés.

Dans ces réunions, Marie se métamorphosait comme le Vichnou indien. Un jour, elle se montrait en vraie marquise, avec la robe de soie à ramages, les cheveux poudrés, les mouches, l’éventail ; un autre jour, elle apparaissait en sultane, avec le pantalon de soie rouge, la veste courte de soie jaune, le justaucorps brodé en velours bleu par-dessus la chemisette de gaze argentée, avec les monnaies d’or, les perles en guirlandes dans les cheveux noirs, en colliers, en bracelets ; elle se couchait sur une peau de tigre