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MÉTAMORPHOSES

quel bonheur elle pouvait donner, elle estimait qu’un prince Charmant était seul digne de sa beauté. En attendant ce prince Charmant, elle se mettait bien au-dessus des cavaliers, des riches juifs qui venaient chaque jour dans la petite boutique de la rue des Lys, pour le seul plaisir de la voir, de lui faire des cadeaux, de lui présenter leurs hommages.

Aucun de ces personnages ayant des armoiries sur leur cachet, aucun de ces gros bonnets faisant monter le cours de la Bourse ne pouvait se vanter d’avoir obtenu de Marie la plus petite faveur, même d’avoir fixé son attention. Elle croyait faire assez pour eux en acceptant leurs cadeaux.

Elle fit la connaissance de Plant et, chose étrange, elle l’aima, elle l’aima à première vue, autant qu’elle était capable d’aimer, sans exaltation, sans envie de se sacrifier à lui, mais avec cette ardeur, ce caprice inhérents à sa nature.

Le clerc n’était certes pas un prince Charmant. Par cela seul qu’il représentait justement tout l’opposé, qu’il était un pauvre gratte-papier, elle l’en aima peut-être d’autant plus. Ce côté de son caractère s’était déjà révélé dans ses yeux d’enfant.

Celui de qui elle a espéré toute la grandeur de la puissance, tout le luxe fastueux d’une Pompadour,