Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

transparent ou d’albâtre. L’ovale allongé de sa figure était fin, délicat ; le front bas encadré de cheveux bruns respirait la douceur, la gaieté ; les sourcils se découpaient nets, réguliers, et les cils s’abaissaient de telle sorte que l’œil brun, petit, vif, se cachait derrière les longues paupières noires, non pas mélancoliquement, mais d’un air malicieux.

Tout cela était antique.

Moderne, au contraire, était l’usage que la belle fille de la revendeuse faisait de son corps olympien ; moderne aussi l’expression qu’elle donnait à sa tête de Vénus, le reflet de son âme visible sur sa figure d’albâtre.

Dans sa manière de marcher, il y avait précisément ce qui nous charme si fort. Sa démarche n’était pas fière, belle : elle se balançait nonchalante, portant une jambe sur l’autre, faisant ainsi légèrement onduler ses hanches, bruire, craqueter les plis de sa jupe.

Ses lèvres, légèrement retroussées, laissant volontiers voir les dents, le cercle de ses yeux, le frémissement de ses narines, dans les ailes, parlaient de soif de plaisir et dans son regard on lisait tour à tour la froide prudence, l’humeur moqueuse ou l’insensible fermeté.

De tout point c’était une vraie beauté taillée