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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

comique un demi-florin de pourboire qu’il tenait sur la paume de la main, sans oser l’empocher.

Micheline lui fit signe de l’œil qu’il fallait le garder. La maman saisit l’œillade au passage et s’imagina que, d’après sa fille, elle n’avait pas assez donné. Lâchant les rênes de sa générosité, elle se tourna vers le baron et lui dit :

— Écoutez, commissionnaire, vous pouvez descendre à la cuisine et vous régaler de tous les restes de la semaine.

— Oh ! c’est trop de bonté, madame, balbutia Oldershausen.

Il donna la lettre à Micheline et se précipita dans l’escalier comme s’il avait eu derrière lui les spectres de tous les poulets, de toutes les oies, de tous les canards tués dans la semaine chez les Rosenzweig.

En fille qui connaît ses devoirs, Micheline complimenta sa mère sur ses petits pieds, d’une jolie longueur de frégate par le fait, et ouvrit ensuite l’enveloppe de sa lettre où elle trouva les lignes suivantes :

« Mademoiselle. Vous êtes aussi spirituelle que jolie. Mon adoration pour vous ne connaît plus de limite. Illimité aussi sera mon bonheur, si vous consentez à me suivre à l’autel. Celui qui