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AMOUR ALLEMAND

a monté l’escalier quatre à quatre, est devant Micheline et seul avec elle dans sa chambre à coucher. Il n’y a pas dans le code des convenances de règles qui défendent aux commissionnaires d’être seuls avec les jeunes filles dans leur chambre à coucher. L’heureux baron n’a qu’un petit nombre de secondes, mais il en profite autant qu’Andor aurait profité d’un pareil nombre d’années ; il se jette aux pieds de Micheline et lui dit, avec ce même aplomb dont il a fait preuve sur la glace, qu’il l’aime, qu’il est son adorateur.

Un désagréable incident vient troubler le tête-à-tête. Maman Rosenzweig a eu besoin, elle aussi, d’un commissionnaire et elle arrive avec bruit dans la chambre. Par un de ces bonds qu’il a l’habitude de faire sur la glace, Oldershausen se retrouve sur ses pieds ; mais il serait impossible à Micheline de lui répondre, s’il y avait quelque chose d’impossible à une jeune fille rusée.

Elle va à la table à écrire d’un air d’indifférence, griffonne de nouveau quelques lignes et les met sous enveloppe, avec celles adressées à Hanna.

En tendant la lettre au baron, elle lui recommande de la porter immédiatement chez les Teschenberg, de la remettre en mains propres à mademoiselle Hanna.