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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Nos trois jeunes filles s’assoient l’une près de l’autre sur une espèce de banc à fouetter qui branle et ne demandent rien tant que de voir Andor leur rendre ce service d’esclave. Dans leur désir il y a de l’orgueil, de l’espiéglerie et aussi un peu de sensualité.

L’hypocrisie a si bien pénétré dans notre vie sociale, si bien condamné comme coupables les choses les plus innocentes, que, pour être logique avec elle-même, elle devrait tolérer moins de licences. Peut-il y avoir quelque chose de plus excitant pour l’imagination, de plus provocant pour les sens de plus répréhensible aux yeux des moralistes qu’une jolie jeune femme mettant son pied sur le genou d’un homme accroupi devant elle, soulevant par conséquent sa jupe, riant peut-être par-dessus le marché, tandis que les mains de l’esclave sont occupées au-dessus de la cheville, à l’endroit où apparaît le bas blanc ? Quand le pied d’Hanna s’appuya avec confiance, mutinerie, sur son genou, Andor lui-même savoura ce bonheur inespéré, et lorsque ce pied le pressa un peu, par mégarde, évidemment, il lui sembla que des fourmis couraient par tous ses membres. Il va sans dire qu’il mit le plus longtemps possible à en finir avec ces petits pieds ; il était si maladroit ! À la longue, cependant, les patins furent en place ; alors