Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
AMOUR ALLEMAND

Hanna, élevant la tête d’un petit air de majesté rusée.

— Mais, je ne patine pas.

— Tant mieux ! je vous apprendrai.

Il y avait en ce moment de l’espiéglerie dans son regard. Elle se réjouissait à l’idée de voir une fois encore le docteur ne sachant comment se retourner.

Andor avait fini d’écrire. Il tendit à chacune des trois élèves un témoignage de satisfaction en jolie écriture. Hanna s’empara du sien avec une certaine hâte ; à peine eut-elle jeté les yeux dessus qu’il se produisit quelque chose d’étrange.

Elle devint rouge comme une pivoine, et, dans son trouble, elle lisait et relisait les quelques lignes. Le professeur leva les yeux sur elle et aussitôt le sang vint lui colorer les joues traîtreusement.

Hanna avait fait une découverte pour le moins aussi importante aux yeux d’une jeune fille que celle du télégraphe électrique ou de la vapeur l’est pour nous. Elle venait de reconnaître, sur son témoignage, l’écriture de cette lettre qui avait tant occupé jadis l’école de couture. Si elle eût constaté de la même manière que l’auteur de cette lettre était un prince russe ou un millionnaire, son triomphe eût été à peine plus grand qu’en acquérant la certitude que son enthousiaste ado-