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AMOUR ALLEMAND

en histoire ; pour le rire, il est évident que vous n’avez pas besoin de maître.

Sa voix vibrait sèche, émue ; mais il y avait en lui, en ce moment, quelque chose de solennel qui inspirait la crainte. Hanna tressaillit, devint pâle, puis rouge, contracta ses lèvres en un sourire et finit par se renverser sur le dossier de son fauteuil en fronçant les sourcils. Andor était le premier homme qui fût parvenu à en imposer à cette folle enfant gâtée, pleine de prétentions. Qui eût osé la gronder, elle à qui tous les jeunes gens disaient de jolies choses, à qui tous les vieux messieurs prodiguaient les regards d’admiration ?

La sortie du docteur lui valut de ne plus être troublé comme avant par les trois élèves. Micheline se mit à bâiller ouvertement ; Julie dessina sur une feuille de papier le modèle d’une synagogue et Hanna lança de temps en temps du côté du professeur une œillade timide où perçait même un certain intérêt.

En finissant, Andor donna à apprendre aux jeunes filles quelques pages de l’Histoire universelle de Weber, refusa poliment, mais résolûment, le café-pétrole de la conseillère, ce qui en imposa de nouveau à Hanna, et fit un salut si bref, que les trois élèves en furent stupéfaites.

À la leçon suivante, les jeunes filles apparurent