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UNE FAMILLE COMME IL Y EN A PEU

une loge ; après, libre au ventre de ne pas être content, de crier comme un vieux chien de garde.

Il n’y en avait pas moins, en dépit de tout le tact possible, des élégances auxquelles la famille ne pouvait atteindre. À cet égard, elle avait fait une impayable découverte, dont nous recommandons l’usage aux nombreuses familles du même genre.

Elle se rejetait sur son goût.

Tout ce qui était hors de portée des Teschenberg portait atteinte à leur sentiment du beau.

Hanna était ennemie déclarée des chignons, parce qu’il lui manquait l’argent pour s’en acheter un.

Pour la même raison, la conseillère affichait résolûment son mépris des dentelles, des diamants. Quant au conseiller, il déclarait à chaque occasion que le vin était la boisson la plus nuisible, la plus dangereuse, qu’il était toujours falsifié ; il s’efforçait même d’attribuer la décadence des mœurs, le mouvement de recul de la race, en Allemagne, à l’abus du jus tant estimé depuis Noé.

Malgré tout cela, les Teschenberg avaient inspiré du respect à l’honnête Andor et il fut tout heureux de se retrouver dans la rue pour y respirer à son aise.

La porte s’était à peine refermée sur lui qu’on