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plus raffiné. La pauvre ouvrière reposa dès lors dans des draps de Damas et des édredons bordés de dentelle de Bruxelles, et, dès le lendemain, se levant, vêtue seulement de ses pantoufles ornées d’or et enveloppant son superbe corps d’un peignoir princier, sinon royal, ses pieds mignons reposèrent sur un tapis de Perse, et, si vous aviez été dans sa loge, à l’Opéra, eussiez-vous vu briller et scintiller mille diamants à son cou, sur sa tête et ses oreilles.

Le baron était devenu son esclave : tout ce qu’elle ordonnait était exécuté avec plaisir. Si son humeur le voulait, il se mettait à ses pieds comme un esclave…, comme un chien !

Les parents de la belle enfant se rapprochèrent alors d’elle. Elle les fit chaque fois éconduire par les domestiques. Deux années se passèrent ainsi !

Mais dès la troisième année son adorateur devint de plus en plus froid, il l’entretint des obligations que lui créait son grand nom et, finalement, confessa à sa bien-aimée que sa famille le voulait marier.

Un certain soir, Anna, se trouvant à l’Opéra, sans l’idée de l’y rencontrer, le vit en compagnie de deux dames. Elle apprit que l’une d’elles, — la plus jeune, une délicate et presque chétive, blonde jeune fille, — était sa fiancée ;