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façon froide mais polie. Dès que le baron ne parut plus la solliciter, elle se sentit libre et, envahie d’émotion, elle se jeta dans les bras de l’élégant et bel homme. Elle le rappela, éteignit la lumière, puis, dans l’obscurité, elle l’entoura passionnément de ses bras et déposa furtivement sur ses lèvres un baiser plein de volupté féminine.

CHAPITRE II

Une vieille histoire

Puis, comme une biche épouvantée, elle s’enfuit et remonta les marches.

Plus de deux mois s’étaient écoulés depuis la première rencontre du baron Steinfeld avec Anna Klauer, et celui-ci n’était pas encore parvenu à conquérir la belle fille. Cette dernière acceptait avec une joie candide les présents coûteux dont il la comblait et qu’elle semblait amplement lui payer d’un baiser de ses lèvres brûlantes ou d’un serrement de main.

Pour son malheur, il arriva que le riche aristocrate qui parait si magnifiquement sa pauvre victime, dont l’enivrante beauté surpassait maintenant de beaucoup celle de toutes les dames du pays, lui inspirait sans cesse une passion grandissante, sans qu’il eût encore osé adresser