Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les Batteuses d’Hommes




… Elle n’avait cependant rien de farouche ni de satanique cette petite Séraphita qui, avec des phrases d’exaltation, des réticences mystérieuses d’initiée, nous racontait de si étranges choses en une de ces fins de dîner qui se prolongent dans la fumée des cigares.

Avec l’enveloppement de ses bouclettes de soie blonde qui mettaient autour de sa figure de gamine comme une auréole de lumière, son nez malicieux, ses joues veloutées qui se coloraient de brusques rougeurs, ses lèvres qu’entrouvraient des rires de joie et de moquerie, elle semblait à peine féminisée, une enfant plus grande qu’on ne l’est à son âge et qui n’a pas meurtri son cœur ingénu au contact de la vie, effeuillé au vent ses suprêmes illusions.

Seuls, les yeux aux luisances changeantes de pierre précieuse — d’un bleu attirant d’abîme et aussi d’un bleu implacable de ciel d’été — les prunelles qui s’illuminaient, qui se métalli-