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— Je suis heureux de l’entendre, cela augmente encore l’intérêt que vous m’inspirez, reprit l’étranger, et je serais enchanté si vous daigniez me permettre de vous fournir ce luxe dont jouissent les femmes riches et les filles tombées.

— Comment serait-ce possible ? dit naïvement la jeune fille.

— Les hommes de mon rang se sentent sans retenue à l’égard des femmes de théâtre ou encore d’autres méchantes variétés de modernes Messalines ; pour elles, ils dissipent leur fortune, deviennent leurs esclaves, parfois même donnent leur vie, en échange de quoi ces femmes se moquent d’eux, et lorsque ces malheureux sont ruinés, leurs misérables maîtresses les foulent impitoyablement aux pieds. Je n’ai, quant à moi, aucun goût pour ces sortes de femmes. Mon idéal est simplement de rencontrer une douce et honnête fille du peuple, saine de corps et d’esprit.

— Vous pouvez en ramasser dans la fange où ces créatures se sentent si confortables ! fit la pauvre fille d’un ton presque violent.

— Vous vous méprenez sur mon compte, répondit l’étranger d’un ton calme et distingué, je vous prie de ne pas pousser plus loin et de me faire la petite faveur de me fournir l’occasion