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jeta en poussant des cris de douleur et de désespoir. À ces cris, les chiens aboyèrent, les gens de la maison accoururent, et Sandor dut prendre la fuite. Il sauta sur son cheval et disparut, au grand galop, au milieu des fourrés doucement éclairés par la lune.

Mais Sandor revint au château la nuit suivante. Il retrouva Martscha auprès du puits, et la serra passionnément dans ses bras.

— Laisse-moi, murmura-t-elle, tes mains sont tachées de sang.

— C’est pour toi, Martscha, dit Sandor. Et il la prit, l’enleva de terre et voulut la déposer sur son cheval. Martscha se débattit un instant sans dire un mot.

Puis, soudain, comme Sandor mettait le pied à l’étrier, elle tira un couteau de sa ceinture et lui en porta un coup violent dans la poitrine.

— J’allais t’aimer, misérable ! s’écria-t-elle.

Sandor tomba et Martscha rentra au château sans regarder derrière elle.