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arrière et se contenta de tordre ses moustaches d’un air provocateur. Dans l’après-midi, il se rendit à la czarda, et semblait attendre quelqu’un. Il ordonna qu’on apportât du vin, et il en offrit aux jeunes gens, avec lesquels il se fut vite lié d’amitié. Puis il jeta aux Tsiganes quelques florins d’argent, qui, par ce temps, étaient très rares en Hongrie.

Enfin, toujours accompagnée de son amant, Martscha fit son entrée et fut accueillie chaleureusement par les jeunes filles. Longtemps elle feignit de n’avoir pas vu Sandor ; mais, lorsque leurs regards se croisèrent enfin, elle rougit de nouveau et se détourna avec un mouvement qui indiquait au moins autant de confusion que de défi.

Quand la danse fut en train et qu’il jugea le moment favorable, Sandor, entrechoquant les talons et se balançant sur les hanches, s’avança vers la jeune fille. Elle comprit qu’il allait l’inviter au czardas, et elle recula jusqu’au mur, un sourire dédaigneux sur les lèvres. Alors Pista s’avança à son tour et se plaça entre elle et l’étranger.

— Si tu veux danser avec ma fiancée, dit-il, il faut d’abord me demander la permission.

— Quand je ne me soumets à personne, pas même à l’Empereur qui est à Vienne, pourquoi