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Une dame qui accompagnait la baronne lui dit que ce jeune homme était un artiste et qu’il s’appelait Maximilien A…

« Il sera à moi » se dit la jeune Messaline, et de suite elle commença l’attaque.

Chaque fois qu’elle rencontrait l’artiste dans la rue, ses beaux yeux noirs et pleins de flamme le dévisageaient littéralement. Se trouvait-elle au spectacle dans sa loge, dès qu’elle apercevait la blonde chevelure bouclée du jeune homme, elle braquait sur lui sa jumelle pendant toute la représentation. Maximilien s’était parfaitement rendu compte de cette tactique et, comme une liaison avec une personne jouissant du double privilège de la beauté et de la naissance, ne pouvait que séduire son imagination, il répondit aux avances de la belle en passant fréquemment sous ses fenêtres. Un jour, il la rencontra seule et n’hésita pas à la suivre. La baronne s’engagea dans une petite rue peu fréquentée ; l’artiste comprit cette indication tacite et bientôt ils eurent fait connaissance. Amélie n’eût pas de peine à imaginer un prétexte pour attirer chez elle ce premier amant à qui elle se donna ou pour mieux dire, dont elle fit son prisonnier en moins d’une semaine.

Attiré tout d’abord par la seule vanité dans les bras de cette femme charmante, Maximilien