Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un duel à l’américaine




La baronne Amélie, jeune femme de la haute société, avait reçu au couvent une éducation à la fois sévère et jésuitique. Mariée par sa famille à un homme de sa condition et possesseur d’une belle fortune, mais dépourvu d’esprit, et qu’elle se sentait incapable d’aimer, elle commença aussitôt à jouir de la vie à grandes guides et à goûter aux plaisirs de l’amour, toutes choses que jusque-là elle n’avait pu qu’entrevoir de loin. Elle entendait se venger sur ses parents des années moroses de son enfance, des tristesses de sa virginité et prévenir aux dépens de son mari, les ennuis d’une union mal assortie ; elle mena donc, dès le début, une existence dissolue rappelant celle des souveraines russes de l’époque rococo. La nature, qui avait prodigué à la baronne les dons les plus magnifiques pour combler les vœux d’un époux, avait en même temps enveloppé sa personne de cette séduction, de ce charme devenu une nécessité pour cette