Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 36 —

trement n’avoir aucun complice, il fut sommairement jugé et condamné à être pendu le jour même.

Comme on s’emparait du malheureux et lui liait les mains au dos, il se prit à trembler de tout son corps, et, fixant le château de son bienfaiteur, se mit à sangloter et à verser de chaudes larmes. Il aperçut alors, au milieu de son angoisse, à l’une des fenêtres du château, la femme méprisable dont l’influence diabolique avait fait de lui, âme simple et honnête, un abominable criminel.

Le beau monstre féminin ne broncha point, soutint son regard et ne témoigna pas la plus légère émotion. Quelques instants plus tard, le corps du malheureux Stephan se balançait inerte à la potence.

Ce terrible événement n’empêcha pas Kasimira de se rendre ce même jour dans une ville de bains bohémienne. Au milieu des bruyants plaisirs de l’élégante société de ce lieu enchanteur, elle eut tôt fait d’oublier les mânes outragées de mari et d’amant. L’hiver suivant, on la vit à Paris aux côtés d’un bel et élégant Polonais qui, ainsi que d’aucuns le soutenaient, n’était qu’un aventurier de la pire espèce. Elle se rendit ensuite à Vienne où, obéissant à la fougue de ses passions, elle se livra aux pires orgies.