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qui lui venaient à l’esprit. Elle le tourmentait sans cesse, de toutes les façons imaginables. Un jour, elle lui versa de la bière dans son vin, et le força à boire cette mixture infernale jusqu’à la dernière goutte. Une autre fois, elle ordonna à sa camériste de lui mettre des orties dans son lit.

Tout à coup, l’idée lui vint de le faire monter à cheval. L’infortuné disciple d’Horace et de Virgile objecta en vain qu’il ne s’était jamais exercé à l’équitation ; il lui fallut suivre Kasimira au manège, où elle se mit elle-même en devoir de lui donner des leçons.

C’était un tableau à la fois comique et cruel. À chaque instant, le pauvre diable abandonnait la bride pour se cramponner à la crinière de sa monture, tandis que sa féroce maîtresse, debout au milieu du manège, la cigarette aux lèvres, ne cessait d’exciter le cheval à grands coups de fouet. Stephan tomba plusieurs fois, mais toujours il remonta, stimulé par les rires et les moqueries de son tyran, et en dépit des meurtrissures de ses bras et de ses jambes.

Mais ce divertissement barbare était loin de satisfaire les instincts cruels de l’amazone ; pour contraindre son malheureux adorateur à rester à cheval, elle eut recours à un moyen énergique, très usité en Hongrie ; elle le fit attacher par