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qu’on résolut de le traiter comme le fils de la maison.

Stephan était un joli blond de vingt ans, bien bâti, frais, blanc et rose comme une jeune fille. Dans ses yeux bleus, on lisait en même temps une certaine simplicité et un noble enthousiasme. Il était un peu timide et gauche, mais Kasimira se chargea de le former et de le produire : ce serait pour elle une distraction. En effet, il n’y avait pas six mois que l’intelligent étudiant était à l’école de la jeune femme, qu’il avait acquis toute la distinction propre à l’aristocratie.

Au mois de mai, les deux époux s’en allèrent, comme tous les ans, passer l’été dans leurs terres de Hongrie et Stephan resta à peu près seul à Vienne, avec le maître d’hôtel, afin d’y continuer ses études. Le temps des vacances venu, il alla rejoindre ses protecteurs.

Un malheureux hasard fit que Kasimira se trouva seule au château. Son mari, qui s’intéressait beaucoup à la politique de son pays, était parti pour Pesth. En son absence, la jeune femme avide de conquêtes et de plaisirs, était, plus que jamais, condamnée à la prudence, car elle ne doutait pas que son mari ne la fît constamment espionner. Elle ne recevait personne, trouvait la vie fort monotone, et s’ennuyait terriblement.