grande partie de son temps. En revanche, en été, quand elle était réinstallée dans son vieux château de magnat, elle ne cessait de parcourir la plaine immense, soit à cheval, soit conduisant elle-même son attelage à quatre chevaux, à la façon d’un héros troyen. Ou bien encore, elle se plaisait à mettre aux abois quelque pauvre renard, ou à poursuivre sans merci un malheureux lièvre, accompagnée d’une suite de jolies femmes et d’hommes enthousiastes, qui s’excitaient mutuellement à sauter devant elle les haies, les fossés, et les obstacles les plus dangereux qu’ils rencontraient, indifférente qu’elle était à leur chûte, insoucieuse de savoir s’ils s’étaient brisés un bras, une jambe, ou même cassé le cou.
Ainsi qu’il arrive souvent dans la noblesse hongroise, son mari s’était généreusement chargé de faire faire ses études au fils de l’un de ses petits employés, devenu orphelin tout jeune encore, et qui montrait beaucoup d’intelligence.
Ce jeune garçon s’appelait Stephan Bakaczi. Il fut placé d’abord dans le collège d’une petite ville, au fond de la Hongrie. Ensuite, le magnat le fit venir chez lui, à Vienne, afin de lui faire achever ses études à l’Université. La première impression que Stephan fit sur son protecteur et sa jeune femme lui fut si favorable