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— Non, demain, Warwara. Et pour mieux exciter votre intérêt et votre goût, j’interrogerai cet homme que vous connaissez, ce Poultowski.

Le troisième jour avait lui. Avant minuit, la sentence de mort devait recevoir son exécution, sinon Warwara était perdue. Elle le savait. À la tombée du crépuscule, Halikof vint la chercher en voiture. Elle s’entoura d’une opulente fourrure en zibeline, encapuchonna sa tête d’une baschlick brodée d’or et emporta le poignard. En route, Halikof réfléchissait à ce qui lui ferait le plus de plaisir, torturer lui-même sa malheureuse victime ou être témoin de l’impression que ces tortures ferait sur la belle jeune femme qui, en dépit de l’épaisse fourrure qui l’enveloppait chaudement, tremblait de froid à ses côtés.

Il se décida pour la première alternative. Après avoir introduit Warwara dans une chambre obscure d’où elle pouvait observer, à travers deux ouvertures pratiquées dans un placard, tout ce qui se passait dans la pièce à côté et embrasser entièrement la salle d’interrogatoire, il se rendit lui-même dans celle-ci, où règnait une température sibérienne, et, confortablement enveloppé de fourrure, s’installa devant la table sur laquelle se dressait, entre deux cierges, le crucifix ; puis il donna l’ordre d’amener Semen Poultowski.