Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 197 —

moindre expérience de la vie, non seulement certains indices, mais tout, dans cette maison, eût éveillé ses soupçons : l’arrière-boutique luxueusement meublée, la patronne Marfa Iwanowna circulant parfumée de musc, en faisant craquer la soie raide de ses dessous, les jolies filles parées et décolletées, les élégants qui venaient badiner et échanger d’énigmatiques coups d’œil avec elles ; mais elle était fille de la campagne et ne comprenait rien à tout cela. Elle répondait aux clients en paroles brèves et polies et vendait tranquillement ses gants et ses foulards.

La nuit, Warwara rôdait autour de la maison de détention, cherchant à apercevoir son ami derrière les fenêtres grillées.

Un soir que personne ne se trouvait plus dans le magasin, sauf Warwara et Marfa Iwanowna, celle-ci ayant retenu la première sous un prétexte quelconque, un grand et bel homme, enveloppé d’une somptueuse pelisse, entra subitement et, aussitôt, dirigea son regard fascinateur vers les yeux gris de Warwara.

— Que désirez-vous si tard Séraph Pawlowitch, fit Marfa Iwanowna en se confondant en salutations.

— Une paire de gants, fit seulement le visiteur. Warwara lui présenta le carton tandis que