Warwara Pagadine
De même que la solitude et le silence sont propices à l’éclosion d’une pensée profonde, de même aussi des circonstances insignifiantes dans un milieu calme et banal peuvent plus facilement faire naître une passion que le flot tumultueux de l’existence dans une grande ville. Aussi bien est-ce dans un village écarté de l’Ukraine que Warwara Pagadine apprit à connaître l’étudiant Semen Poultowski et que leurs âmes s’unirent à tout jamais. Warwara était fille de petits fermiers. Une amie étudiant la médecine à Kiew, et, qui de temps en temps, venait rendre visite à sa famille, lui inspira l’amour de la liberté et, avec cet amour, la haine de la tyrannie et du tsarisme et l’ambition de parvenir, par l’étude et la culture de son esprit, à prendre place à côté de l’homme. Warwara lisait et s’instruisait sans discontinuer, et au fur et à mesure de ses progrès, commençait à mettre à profit ses connaissances. Elle se disait nihiliste et s’était affilié à cet audacieux parti qui, en Russie, aspire à détruire toute organisation existante, et, en atten-