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ciens camarades, s’être fait transporter de ce côté-ci de la frontière.

Greiseneck se rendit donc seul, à cheval, à Bakowza, à une distance d’une heure à peine de sa garnison. Il descendit devant la porte du château à l’heure indiquée, et vit un garçon accourir aussitôt pour recevoir son cheval.

C’était par une belle mais froide soirée d’automne. Au ciel, sans nuages, brillaient des milliers d’étoiles. Tout alentour du château un calme profond régnait.

Au moment où le capitaine allait entrer, une jeune femme, à la taille élancée et svelte, quitta la rampe de la terrasse, où elle se tenait appuyée, et s’avança vers lui, souriante. C’était Mlle de Krosnowska, la dame blanche de Machow. Avec une touchante expression de cordialité, elle lui tendit une petite main, toute frémissante, qui émergeait à peine de la manche d’une superbe pelisse de fourrure foncée.

— Est-ce que vous m’en voulez ? demanda-t-elle d’une voix tremblante d’émotion.

— Oui, mademoiselle, je vous en veux, et beaucoup, c’est d’être déjà fiancée.

Il baisa, avec une ardeur contenue, la main de la jeune fille et ajouta :

— J’aurais aimé de tout mon cœur à être votre esclave.