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fixèrent sur ceux du capitaine, avec une expression d’effroi et de supplication.

— Mademoiselle Krosnowska ! dit en s’inclinant gracieusement le galant capitaine.

— Vous me connaissez ?

— La ressemblance de la dame blanche avec son aïeule est tellement frappante, qu’on ne saurait s’y tromper.

— Je vous en conjure, monsieur, ne me trahissez pas, supplia la jeune fille les mains jointes. Je suis fiancée à un homme dont mes parents ne veulent pas pour gendre, et qu’ils refusent, pour cette raison, de recevoir chez eux. Pour le voir et l’entretenir quelques minutes seulement, je n’ai pas d’autre ressource que ce rôle de la dame blanche, que je joue depuis un an. Et me voilà, avec mon secret, à votre discrétion.

— Ah ! mademoiselle, ne vous méprenez pas sur mes intentions, répliqua doucement Greiseneck ; croyez que je suis incapable d’abuser de votre situation et de jamais trahir votre confiance ; car, si je possède votre secret, je le dois autant à la confiance que vous venez de me témoigner qu’au hasard qui vous a fait tomber entre mes mains. Continuez donc votre route, mademoiselle, et soyez toute rassurée. Permettez-moi seulement de vous dire que j’envie beaucoup celui qui vous attend !