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montrer au delà de la frontière. Les cosaques se retirèrent, et l’on échangea quelques coups de fusil. À l’horizon, du côté de l’Orient, s’était élevée une immense rougeur, comme celles que produisent de grands incendies.

Greiseneck rentra au château un peu avant minuit, prit une petite collation, et se jeta tout habillé sur le lit. Tout à coup, il prit la résolution d’attendre cette fois l’apparition et de l’appréhender bravement, afin de savoir à quoi s’en tenir. Il ferma la porte à clef, éteignit les bougies, s’assura que ses pistolets étaient en ordre, les mit dans sa poche, et monta doucement l’escalier en colimaçon. Arrivé sur la galerie, il se cacha derrière une colonne, et attendit courageusement, mais non sans une certaine agitation, l’arrivée de la dame blanche.

Au premier coup de minuit, le mur s’ouvrit comme à l’ordinaire, et le beau revenant fit son entrée. À deux pas de l’officier, la dame blanche s’arrêta, regarda dans la salle, et leva la main. Sans hésiter, Greiseneck s’élança de sa cachette et, au même instant, ses bras enlaçaient une taille svelte, pleine de vie, chaude et palpitante.

— Jésus, Marie ! murmura une voix harmonieuse de femme. Et deux grands yeux bleus se