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serpents de feu, d’une toque carrée, de fourrure sombre comme la pelisse, et garnie d’une magnifique aigrette.

— C’est elle ! dit-il à l’officier, c’est Barbara Krasnowska, la wojwoda. Elle vivait à l’époque du roi Sigismond-Auguste, et c’était une femme pécheresse, belle, cruelle comme le diable. Dieu ait pitié de son âme !

Quand il se fut éloigné, Greiseneck se mit à examiner avec attention la salle, ainsi que la galerie, dans tous leurs coins et recoins, et dans tous leurs détails. Rien ne lui parut suspect. Il ferma alors les deux portes à clef et s’étendit sur le lit, après avoir eu soin de placer à son chevet les pistolets chargés.

À minuit, il s’éveilla aux coups sinistres de l’horloge du château, se dressa brusquement sur son lit et regarda, tout surpris, autour de lui. La salle entière était comme illuminée par le clair de lune. Les fenêtres se dessinaient sur le parquet avec une netteté extraordinaire, les panoplies rendaient un éclat mystérieux, les tableaux paraissaient s’animer, Barbara Krasnowska, la telle wojwoda, regardait l’officier avec ses grands yeux bleus, ses lèvres pleines étaient à la fois souriantes et dédaigneuses, et