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— Le château n’est donc pas habité ? demanda le capitaine, tandis que le vieux Polonais, muni d’une lanterne, le guidait par le large escalier de pierre.

— Les maîtres : M. Krosnowski, madame et leur demoiselle, habitent Lemberg. Le jeune monsieur, je crois, est à Paris.

— Ou avec les insurgés, de l’autre côté.

— Peut-être, mais je suis seul ici. Il n’y a pas d’autre châtelain que moi.

Arrivé au premier étage, le vieillard ouvrit une haute et sombre porte revêtue de riches ornements en métal. Puis, à travers une file de chambres vides, dont les murs étaient garnis de vieux portraits, il conduisit le capitaine dans une grande salle, d’où un escalier en colimaçon menait à une galerie ouverte qui occupait entièrement un des côtés de la vaste pièce. Là, les murs étaient également ornés de portraits de grandeur naturelle, de tableaux représentant des sujets mythologiques, des fruits, des animaux. Il y avait aussi des trophées d’armes de la vieille Pologne et des armes mongoles, turques et suédoises, provenant de différentes guerres. Enfin, cette pièce était meublée en damas d’une grande valeur. Au milieu, sur une grande table, un cou-