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la figure, ornée de longues moustaches blanches, portait l’empreinte d’une longue suite d’années, se montra devant le commandant et le salua respectueusement. Greiseneck lui demanda le logement pour lui et son escorte.

— Le château, avec tout ce qu’il contient, est à votre disposition, monsieur, dit le vieux d’un air solennel ; mais je vous prierai de ne pas m’en vouloir si votre repos et celui de vos hommes viennent à être troublés pendant la nuit.

Puis, s’approchant du capitaine, il ajouta à voix basse :

— Il vient des revenants dans le château.

— Comment !

— Oui, quelquefois, la dame blanche de Machow y apparaît.

— Des soldats ne connaissent pas la peur ! s’écria Greiseneck avec un rire joyeux, et nous craignons moins encore les belles femmes. Car il faut que la dame blanche de Machow ait été très belle, puisqu’elle n’a pas encore fini d’expier ses péchés. En avant !

Les hussards entrèrent dans la cour et conduisirent leurs chevaux à l’écurie. Le domestique s’empressa en même temps de refermer la porte. Les fenêtres et les couloirs du château n’étaient éclairés que par la lune, si ce n’est au rez-de-chaussée où l’on n’apercevait qu’une seule lumière.