Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 172 —

— Je te connais, tu es Eyula, répliqua Ursa. Je t’attendais, toi et les tiens, car en vérité, c’est moi aujourd’hui qui vais vous régaler…

— Ouvre ! firent aussitôt vingt voix.

— Oh ! volontiers, répondit Ursa, d’un ton narquois. Mais vous êtes donc si pressés ?

À l’instant même où la porte s’ouvrait et où Eyula, la face noircie, paraissait sur le seuil, un coup de feu partit de la salle qui l’étendit raide mort sur le plancher ; ce coup de fusil était un signal pour les pandours dissimulés dans la czarda de faire, par toutes les fenêtres et par toutes les lucarnes du toit, feu tous ensemble sur les brigands.

Ceux-ci, déconcertés par une attaque aussi soudaine, reculèrent et cédèrent la place, laissant la plupart d’entre eux tués ou blessés, mais ils revinrent bientôt, assiégeant la misérable hutte de tous côtés. Quelques-uns parvinrent même dans la salle de l’auberge où ils livrèrent aux pandours un sanglant corps-à-corps ; mais bientôt on entendit le galop des hussards, réquisitionnés de la ville voisine par le juge suprême du Komitat, et qui étaient cachés dans le bois voisin.

Les brigands se trouvèrent pris entre deux feux, ils prirent la fuite, poursuivis par les hussards qui sabrèrent la plupart et prirent cinq