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t’aime encore, fit la femme avec un calme majestueux. Sarolta, princesse Parkany !

Bethlémy épouvanté se recula de quelques pas.

— Je vais être franche avec toi, poursuivit la princesse ; là-dessus elle se leva lentement, chaussa une paire de pantoufles garnies de fourrure et s’enveloppa de sa pelisse de zibeline. Puis elle reprit : « Je t’aime et veux te posséder à tout prix et pour cela je suis déterminée à te tuer plutôt que de t’abandonner à toute autre femme. Me comprends-tu, mon ami ?…

— Je comprends que j’ai été trompé et trahi d’une façon odieuse.

— Vendu serait l’expression la plus propre, fit railleusement Sarolta. Tu n’étais jusqu’ici que l’amant d’une vulgaire fille de joie à qui tu t’unissais dans cette chambre ; elle t’a vendu à moi, si bien que tu m’appartiens comme l’esclave que j’aurais acheté au marché.

— Épouvantable ! s’écria le jeune seigneur.

— Reste auprès de moi, continua la princesse, je t’aime, résigne-toi à ton sort ; je pense qu’après tout, il n’est pas si terrible qu’il semble te paraître. Ne suis-je pas riche et distinguée ? Ne suis-je pas belle ?

— Tu es la plus belle femme que j’ai jamais vue, s’écria Bethlémy, et cependant je ne puis