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entraver notre besogne. À chaque instant il part pour Pesth et va se plaindre au gouvernement du komitat qui, dit-il, est trop tiède et n’apporte pas suffisamment de sévérité ni de vigueur à notre répression. Il vous faudra le martyriser d’une façon exemplaire pour moi.

— Mais comment veux-tu t’emparer de lui ? s’enquit Sarolta, il doit être sur ses gardes.

— Je connais une servante nommée Ursa, reprit ce brigand, qui nous a souvent déjà rendu service. C’est une méchante et libertine petite drogue, pour tout dire, mais belle et rusée comme une couleuvre ; elle nous le livrera contre bons écus sonnants, cela s’entend.

— Comment ça ?

— C’est sa maîtresse.

— Une pareille créature, murmura Sarolta, et il me méprise ! Je veux parler moi-même à cette fille, Eyula, conduis-moi à elle maintenant sur le champ.

La fille vivait avec sa vieille mère au milieu de la Poussta, dans une czarda presque en ruines, où elle débitait de l’eau de vie et du vin et où elle faisait la cuisine pour qui le lui demandait.

Toutes sortes de gens entraient chez elle, des colporteurs, des juifs, en route pour un marché, des pandours, des tsiganes matineux, des filles publiques ou des voleurs.