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— Serait-ce possible ?

— C’est l’exacte vérité, murmura Sarolta. J’aime Emerich Bethlémy, depuis que je l’ai vu et lui… lui, il me méprise.

— Qui t’a dit ça ?

— Je lui ai offert ma main…

— Et il l’a repoussée, fit la vieille avec un rire malin. Crois-le bien, car tu dois connaître les hommes, donne-lui le fouet et il te baisera les pieds.

— Il est trop tard pour tenter l’épreuve.

— Fais-le saisir, ma pouponne ! s’écria la sorcière et nous verrons alors si nous ne pouvons l’apprivoiser, le jeune étourdi.

— Tu as raison, Halka, oui, nous allons faire ça, répondit la princesse. Eyula est-il encore au château ?

— Certainement, ne lui as-tu pas déjà donné tes ordres pour demain.

— Appelle-le donc.

La sorcière sortit et revint bientôt avec le bethyar.

— Écoute, Eyula, commença la princesse. Il te faut me livrer le jeune Emerich Bethlémy dès demain même.

— Rien de plus facile, répondit le brigand. C’est une besogne qui me plaît, d’autant plus que personne autant que lui n’a tant fait pour