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CHAPITRE XI

Une Dalila du peuple

De nouveau une nuit sanglante se passa à Parkany. Les brigands avaient enlevé le Père Pistian et traîné dans l’antre de la hyène, où tout d’abord il partagea les faveurs de Sarolta, puis dut les payer des plus affreux tourments et enfin de son propre sang.

Après son horrible bain, la princesse, drapée de sa fourrure sombre, s’étendit sur le sofa et se fit frotter par la vieille Halka à l’aide de mystérieuses essences.

— Maintenant, ma colombe, murmura la sorcière, te trouves-tu satisfaite de l’emploi de mon moyen, en ressens-tu les effets vivifiants et rajeunissants ?

— Certainement, et je t’en suis reconnaissante. J’ai en toi la plus grande confiance du monde, répondit Sarolta, la dévisageant d’un air sombre.

— Mais que signifie cela ? fit la vieille : plus ton corps est florissant de nouvelle jeunesse et plus ton âme est envahie par de puissantes ombres ? Tu n’es pas contente.

— C’est vrai, Halka, répondit la hyène avec un soupir. L’amour réclame ses droits, j’aime à la haine, et j’aime vainement.