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— Emploie toutes les ressources de ton art, la vieille, pour le faire revenir à lui. Il lui faut reprendre connaissance et la conserver jusqu’au bout.

La sorcière revint avec toutes sortes de fioles et de flacons et se mit aussitôt à la besogne. Après quelques petits soins, Steinfeld agita les paupières et la regarda.

— Cela t’a-t-il coûté la vie ? s’écria Sarolta. Mais tu as assez expié et la plus belle récompense t’attend. Viens à moi, je veux être clémente et te donner la vie et me donner à toi. Viens, nous allons célébrer notre noce.

— Serait-ce vrai, Anna ? Plus de nouvelles cruautés ? demanda Steinfeld, comme sortant d’un mauvais rêve.

— N’en demande pas plus, je suis à toi, s’écria la belle femme étendant les bras vers lui. Il chercha à se rapprocher d’elle, mais retomba à moitié chemin. Les filles le soulevèrent et le placèrent aux pieds de Sarolta. Ainsi tu es à moi ? bégaya le baron, tandis qu’elle l’enveloppait de ses superbes bras et l’embrassait. D’un regard elle congédia les deux servantes. La vieille posa une coûteuse pelisse de zibeline à la tête de la princesse sur le coussin du sofa et se retira pareillement.

— Je veux me rendre plus belle, dit en riant