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ture bien désagréable que d’être ainsi tombé entre vos mains !

Les brigands se prirent à rire et l’un d’eux, qui paraissait leur chef, lui dit : « Nous ne pouvons te relâcher, baron, mais nous allons incontinent te conduire tout de même à une jolie femme. »

— Comment ça ?

— Tu la connais bien, tout au moins de réputation, fit en raillant le bandit. Les gens du pays l’appellent « la hyène de la Poussta ».

— Pour l’amour de Dieu, s’écria le baron, ayez pitié de moi !

Mais les brigands ne se laissèrent pas plus attendrir par ses supplications que tenter par la somme qu’il offrait de leur verser ; ils le bâillonnèrent, lui jetèrent un drap sur la tête, le montèrent sur un cheval, et l’emmenèrent avec eux dans une course folle…

Lorsqu’on lui eut retiré ses liens et enlevé drap et bâillon, le baron Steinfeld se trouva dans une pièce voûtée et sans fenêtre dont l’architecture ressemblait à celle des châteaux-forts du moyen âge mais dont l’ameublement luxueux rappelait le boudoir d’une grande dame.

La personne qui avait amené Steinfeld le laissa dans cette pièce et referma une lourde porte de fer derrière lui. Néanmoins, le baron ne resta