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lettre dont les termes avaient été dictés par Sarolta elle-même.

En même temps, il assigna comme résidence à sa femme et à ses enfants le château de Goldrain en Bohême.

La pauvre petite femme s’évanouit à la lecture de cette lettre, et passa trois jours et trois nuits dans une crise de larmes sans se déshabiller. Puis, elle fit ses préparatifs de voyage.

Comme elle montait en voiture avec ses enfants, Sarolta surgit soudain devant elle et lui cria : « Bon voyage, baronne ! Avant de quitter ces lieux, sachez qui vous en chasse. C’est moi qui vous ai arraché le cœur de votre époux. Il est une justice sur terre ! Vous avez privé de son bonheur la pauvre ouvrière Anna Klauer, l’avez reléguée au ban du vice et du crime, et maintenant la princesse Parkany vous paie de retour. Bon voyage ! »

Le jour qui suivit le départ de sa femme et de ses enfants, le baron Steinfeld revint sur son domaine et écrivit à Sarolta une lettre remplie de désirs enfiévrés, par laquelle il lui rappelait sa promesse et la sommait de l’exécuter.

« Ce que j’ai promis, je le tiens » telle fut la réponse de la princesse. « Je suis à vous. Venez cette nuit vers dix heures. Ma camériste de confiance vous attendra à la petite porte de