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CHAPITRE X

Le bain de sang

Le baron Steinfeld était maintenant le commensal habituel du château Parkany.

Sarolta se jouait de lui d’une façon si invraisemblablement raffinée que chez cet homme blasé, dont les caprices paralysaient la volonté, dont les esprits paraissaient anéantis, l’ardeur première de la jeunesse ne s’éveillait que sous l’empire de la passion, et que seule cette dernière faisait battre son cœur enseveli sous la lave des années écoulées.

Il aimait la princesse Parkany comme il n’avait jamais aimé ni sa propre femme, ni même Anna Klauer, mais plus elle lui donnait à entendre qu’il n’avait aucune place à prendre dans sa vie, pas la moindre, que chaque heure qu’elle lui accordait, il la lui dérobait comme un vulgaire et importun mendiant, plus il quémandait son amour par cela même qu’il sentait qu’elle souffrait de sa présence.

Sarolta se repaissait des tortures qu’elle lui infligeait ainsi, et rien n’égalait la jouissance qu’il lui procurait, lorsqu’étendue sur un moelleux canapé, lui-même vautré dans la poussière, il appliquait avec ferveur ses propres lèvres sur les pieds de la princesse, demandant en grâce,