Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 141 —

À peine l’avait-il monté que les chiens furent lâchés et que la chasse à courre commença.

En vain le loup, qui était en butte aux balles des chasseurs, chercha-t-il à les éviter et à regagner sa liberté, pour échapper à ses persécuteurs. Après une course effrénée d’environ quatre heures, il se jeta dans les palissades conduisant à la fosse aux loups, mais déjà la princesse s’y trouvait. Le fauve essaya en vain d’éviter la poursuite dont il était l’objet. Les chiens le saisirent dans l’enclos et le déchirèrent à belles dents.

Sarolta sauta vivement à bas de sa monture et, les yeux étincelants d’une joie sanguinaire, lui plongea un yatagan dans la gorge.

Comme le loup tombait mort aux pieds de la princesse, Steinfeld qui venait de mettre pied à terre, dit à Sarolta : « Cette scène a pour moi une signification symbolique : une voix intérieure me dit que c’est là le sort même qui m’attend. Serait-ce un présage ? »

— Vous êtes arrivé trop tard, fit malicieusement Sarolta, car vous êtes déjà pris. Je vous tiens dans mes filets et n’ai plus qu’à vous donner le coup de grâce !