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d’une espèce de honte d’avoir toléré, à contrecœur, que ce démon femelle qu’était Sarolta, prit place au côté de sa propre femme. La discrète petite baronne avait l’air littéralement gelée, malgré son épaisse pelisse ; son bonnet de fourrure lui donnait l’air âgé, et elle se blottissait si craintivement dans un coin du traîneau où elle avait pris place avec un certain seigneur de Uermeny, de façon qu’elle ne pouvait inspirer d’autre sentiment que la pitié.

Par contre, la princesse enveloppée de sa riche fourrure d’hermine doublée de velours noir, sa Katschma de même fourrure coquettement posée sur les boucles de sa chevelure paraissait rayonnante dans sa superbe beauté et trônait réellement au milieu des soyeuses peaux d’ours. Le froid faisait seulement ressortir la fraîcheur florissante de son visage et elle conduisait l’attelage de ses propres mains avec l’élégance et la sûreté d’une véritable amazone.

La chasse commença.

Les chasseurs s’établirent à l’une des lisières du bois, puis les grillages furent enlevés de ce côté et des centaines de rabatteurs, jetant de grands cris, se mirent à pousser devant eux vers les chasseurs les bêtes affolées.

— Vous n’avez pas de fusil, princesse, dit le baron à Sarolta, ne voulez-vous pas tirer, avez-vous quelque pitié des fauves ?