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profonde douleur par suite de la mort de son mari, et affectait toujours un chagrin tel qu’elle se décida difficilement à fréquenter le monde. Enfin, elle se mit à rendre et à recevoir des visites de ses voisins, puis elle fit un pas de plus et lança des invitations, tout d’abord pour des dîners intimes, puis enfin à de grandes soirées et à des chasses ; finalement, comme l’hiver revêtait la terre de sa fourrure de neige, elle organisa des parties de traîneau, et les fouets claquèrent, les fusils partirent, les bouchons de champagne sautèrent joyeusement à Parkany comme au temps où son noble propriétaire était encore en vie.

Après son mariage avec le prince, Sarolta, parmi les aristocratiques familles du pays, ne s’était encore liée intimement qu’avec une certaine comtesse Baratony, riche et intellectuelle veuve d’une cinquantaine d’années, et ses deux filles.

Un soir de décembre, comme il gelait à pierre fendre, Sarolta se trouvait autour de la cheminée de la galerie ancestrale du château de Baratony avec les trois dames, et toutes quatre fumaient, tout en causant, des cigarettes que la princesse roulait fort adroitement avec du tabac turc de premier choix.

Sur ces entrefaites, une femme de chambre